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Grandbazar - Friize

18 Avril au 18 Mai 2024
"Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. "
Lewis Carroll, À travers le miroir, Chapitre 2
Il semble toujours de bon ton de commencer une note d’intention par une citation. Un lieu commun adéquat pour évoquer l’hypothèse de la reine rouge. En effet, basée sur une course entre Alice, l’aventurière du pays des merveilles, et son antagoniste couronnée, cet apparent paradoxe nous apprend que pour demeurer à la même position, il ne faut cesser de courir.
Elle est souvent évoquée pour expliquer en partie l’évolution permanente des espèces animales et végétales ou la course aux armements entre pays concurrents.
Point de compétition forcenée en ces lieux, mais un simple constat issu d’une conversation où l’on m’exposa cette hypothèse : elle correspond étonnement bien aux créations que je présente dans cette exposition.

Que ce soit dans mes sérigraphies, photographies ou vidéos, le mouvement est bien le générateur d’une expression figée. Les formes qui apparaissent à la limite de l’immobilité dans la vidéo Errance sur l’Horizon des Événements ne peuvent exister que si elles sont en mouvement dans la prise de vue originelle. Rien d’étonnant lorsque l’on sait qu’elles sont bâties sur une permutation du temps et de l’espace...
Dans ma Ménagerie Sérigraphiée, se rejouent avec les technologies actuelles des questionnements esthétiques pensés par les futuristes au début du vingtième siècle. Représenter le mouvement sur une surface plane encadrée ne peut qu’illustrer trivialement le fait de rester à la même place tout en faisant mine de se déplacer.
Les tableaux de la grande salle évoquent, entre autres, notre accès au réel par son phénomène donc sa représentation mentale, et la multiplicité de points de vue sur ce même réel qui en découle. Le monde sensible nous apparaît au travers de notre esprit qui lui-même siège dans les innombrables ramifications de notre système nerveux. Dès lors, malgré toutes nos gesticulations, ne restons-nous pas toujours en nous-mêmes au même endroit pour appréhender la réalité ? Fort heureusement, l’altérité présente dans ces peintures nuance cette vision un brin solipsiste.

Je vous invite donc à chercher le chat blanc, à défaut de lapin blanc, dans le dérèglement spatio-temporel et métaphysique que met en scène cette exposition.