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Palefroi homographique

2022
Le point de départ de ce tableau-vidéo est une déclaration rapportée par une amie: « le smartphone est le tube de peinture du vingtième ! ». L’auteur de cette phrase, bien qu’il me soit inconnu, faisait ainsi référence à la révolution moderniste en peinture. C’est grâce à l’invention du tube de peinture que les artistes ont pu sortir de leurs ateliers. Ils ont alors commencé à peindre sur le motif au cœur la nature et à s’éloigner peu à peu d’une figuration réaliste. Cette révolution était aussi motivée par la démocratisation de la photographie, inventée quelques décennies plus tôt. Le parallèle avec notre époque m’a semblé assez évident. Désormais, presque tout le monde a une caméra à chaque instant entre ses doigts. Il me semblait intéressant d’interroger encore une fois la nécessité d’une figuration réaliste en peinture ou en dessin ; nonobstant la possibilité d’obtenir un résultat bien plus fidèle à la réalité avec son téléphone.

Le choix du sujet du cheval est une référence directe à la polémique du galop du cheval, résolu par Eadweard Muybridge au moyen d’un système de chronophotographie, ancêtre du cinématographe. Le cheval a les quatre fers en l’air lorsqu’il regroupe ses pattes au galop ! Je décompose ici sur la toile le pas d’une jument. Ce faisant, le questionnement des avant-gardes du début du vingtième sur le mouvement en peinture est remis au goût du jour, là encore, dans un contexte de révolution technologique. Il est aussi possible d’y voir un clin d’œil à l’art pariétal où l’on retrouve beaucoup de représentations de chevaux et une figuration figée du mouvement.