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莊子在國貿 (Zhuāngzi zài guómào)
« Zhuangzi rêva une fois qu'il était un papillon, un papillon qui voletait et voltigeait alentour, heureux de lui-même et faisant ce qui lui plaisait. Il ne savait pas qu'il était Zhuangzi. Soudain, il se réveilla, et il se tenait là, un Zhuangzi indiscutable et massif. Mais il ne savait pas s'il était Zhuangzi qui avait rêvé qu'il était un papillon, ou un papillon qui rêvait qu'il était Zhuangzi. Entre Zhuangzi et un papillon, il doit bien exister une différence ! C'est ce qu'on appelle la Transformation des choses. »
— Tchouang-tseu, Zhuangzi, chapitre II, « Discours sur l'identité des choses »
Lors d'un séjour à Pékin, déambulant près du quartier des affaires, je m'étonnai des similitudes entre les gratte-ciels se dressant sous mes yeux et les dessins de villes futuristes que je faisais enfant. Cette comparaison me rendit la scène irréelle, me faisant plonger dans un état de déréalisation. Tout apparaissait étrange, le temps était brouillé, les souvenirs enfantins semblaient être vécus en alternance avec la séquence temporelle où je me trouvais. Une sorte de vertige me prit, je doutais de l'apparente veille dans laquelle je devais me trouver. J'avais l'impression d'assister à cette scène du fond de ma boîte crânienne, celle-ci transformée en salle de cinéma dans laquelle je siégeais seul. Un coup de téléphone fit cesser la séance en un éclair. Poursuivant ma route, je fixai le sol et m'efforçai de chercher une manière de représenter cette expérience.
Le rêve du papillon de Zhuangzi, la bataille entre figuration et abstraction en peinture, l'obsession d'une figuration directe tendant vers le dessin d'enfant et enfin l'incertitude concernant notre état de veille se mélangeaient dans mon esprit...
Le rêve du papillon de Zhuangzi, la bataille entre figuration et abstraction en peinture, l'obsession d'une figuration directe tendant vers le dessin d'enfant et enfin l'incertitude concernant notre état de veille se mélangeaient dans mon esprit...
Soudain, une sorte de monolithe se dressa au dessus des autres. Quelques vers du poème L'Angoisse de Paul Verlaine me vinrent à l'esprit:
"[...] des temples grecs et des tours en spirales
Qu’étirent dans le ciel vide les cathédrales [...]"
Qu’étirent dans le ciel vide les cathédrales [...]"
Dès lors, ce nouveau temple de verre et d'acier ne me semblait que refléter une commune constance dans la vanité. Peu importe le fuseau horaire ou l'époque, montrer sa puissance dans quelque allégorie phallique reste un impératif catégorique pour les gouvernants. Demeure une reproduction de ce phénomène remontant aux balbutiements de la maçonnerie, l'étirant jusqu'à sa propre dissolution...
